AVIS DE TEMPETE SUR LES COTES FRANCAISES
« Mayday, mayday, mayday……
Ici capitaine RUSSO du cargo Alcatel-Lucent, la mer est déchainée….le navire est désemparé et dérive vers des hauts-fonds….., j’ai décidé de balancer 12500 marins à la mer dont environ 1500 marins français, afin de l’alléger…. »
« Ici préfecture maritime de Brest,….ce n’est pas en procédant ainsi que vous éviterez le naufrage. N’oubliez que ce sont ces marins qui sont à la manoeuvre et empêchent le navire de dériver…. »
« Ici capitaine RUSSO,…je sais ce que j’ai à faire,…, les canots de sauvetage ANPE et Assedic n’auront qu’à les repêcher, … c’est une méthode qui a fait ses preuves et je n’ai pas pour habitude de faire dans la dentelle,….j’ai fait bien pire ailleurs… »
Pendant ce temps là, l’armateur TCHURUK, bien au chaud à terre, qui a négligé pendant des années d’investir dans l’entretien du navire, se demande s’il a bien fait de recruter ce capitaine américain, très cher payé, mais qui n’a pas l’air plus doué que lui pour tenir le gouvernail et prévenir les difficultés
Pourtant gouverner c’est prévoir. Et pour un capitaine, cela veut dire anticiper en permanence, afin de rester toujours manoeuvrant, y compris dans les passes étroites. Cela veut dire également prévoir longtemps à l’avance l’arrivée du mauvais temps et prendre toutes les précautions nécessaires à la sauvegarde du navire, de son équipage et de sa cargaison. Cela veut dire s’éloigner des dangers sous le vent, afin de ne pas être drossé à la côte.
Quant aux clients, ils sont perplexes, dans l’expectative ; ils se demandent dans quel état la cargaison leur sera livrée, si tant est qu’elle arrive un jour à bon port.
L’équipage, lui, commence sérieusement à s’inquiéter. Il n’a plus de directives. Les officiers semblent plus préoccupés de sauver leur peau que de sauvegarder le navire et certains envisagent même de déserter.
Les marins font ce qu’il peuvent pour maintenir le navire à flot, même sans instructions et sans chefs, comme leur a demandé le bosco PEDINI dans un message mémorable, mais ils craignent que cela finisse très mal comme l’ Erika.
Y aura t’il au moins parmi nos hommes politiques français un Carlos(*) qui permettra par une intervention volontariste de limiter les dégâts sur les côtes françaises ? Rien n’est moins sur malheureusement.
Les marins ne vont devoir compter que sur eux-mêmes et sur leurs syndicats, afin de pouvoir reprendre le bon cap, retrouver des eaux plus calmes, conserver le maximum de leurs collègues et exiger un embarquement sûr à bord d’autres navires, pour ceux qui devront les quitter.
Heureusement la solidarité des gens de mer n’est pas un vain mot !
(*) Surnom de Charles Claden, commandant du remorqueur de haute mer « Abeille Flandre », qui, par son action courageuse et déterminée, a permis d’éviter que le naufrage de l’Erika ait des conséquences bien plus graves encore pour les côtes françaises.