"tout galimatia devient savant, et toute sottise devient raison"
Le Malade Imaginaire, Molière, 1673
Les médecins, à l'époque de Molière, s'abritaient derrière le latin, pour masquer leurs incompétences. Hélas, aujourd'hui à Alcatel-lucent, c'est l'anglais à
l'américaine, qui a pris le relais.
Parmi les très nombreuses difficultés, auxquelles sont confrontés les salariés français depuis la fusion du français Alcatel avec l’américain Lucent, il y a celui de la langue.
Aujourd’hui, bien que le Groupe soit de droit français avec un siège social à Paris, la communication et les réunions se tiennent majoritairement en anglais.
Beaucoup de directives et instructions données aux salariés français sont rédigées en anglais. Bien pire encore : pour de nombreux salariés français, les entretiens annuels de fixation des
objectifs et d’ «évaluation» des compétences se font exclusivement en anglais.
La loi Toubon du 4 août 1994 relative à l'emploi de la langue française, qui prévoit que « Art. L. 122-39-1. - Tout document comportant des obligations pour le salarié ou des
dispositions dont la connaissance est nécessaire à celui-ci pour l'exécution de son travail doit être rédigé en français » est bafouée quotidiennement dans le nouveau Groupe.
Quant aux cadres français qui veulent faire carrière, hors de l’anglais, « compétence » jugée n° 1, point de salut ! Facile pour leurs collègues américains de les larguer et
de les disqualifier dans les débats et les réunions : il suffit pour cela d’accélérer le rythme, d’avaler les mots, de forcer sur l’accent et d’utiliser un vocabulaire
abscons.Même s'il ne faut pas généraliser, certains, en particulier d’origine Lucent, ne s’en privent pas, afin d’éliminer leurs collègues français de la compétition.